Né et élevé au Nigeria, le Professeur Michael Ngadi, PDG de MatrixSpec Solutions Inc. de Montréal, est arrivé dans ce pays en 1991 grâce à une bourse du gouvernement du Canada pour poursuivre des études supérieures en ingénierie à l’Université technique de la Nouvelle-Écosse à Halifax. Après avoir obtenu son diplôme, il s’est joint à l’Université McGill en tant que professeur agrégé de génie alimentaire. Vingt-cinq ans plus tard, il est professeur James McGill (équivalent à une chaire de recherche du Canada de niveau 1) avec une liste impressionnante de réalisations, ce qui le rend bien placé pour diriger le projet novateur soutenu par le RCAIA, Optimisation d’Hyper-Eye : une solution intégrée pour l’évaluation de la fertilité et du sexe des œufs pré-incubés. « J’ai eu beaucoup de chance que ma passion pour l’alimentation et mon désir d’améliorer sa qualité et sa sécurité aient été nourris dans un environnement qui m’a vu entouré de gens que j’aime, admire et respecte », dit-il. « Cela m’a donné la liberté de m’engager dans des recherches fascinantes telles que l’initiative Hyper-Eye ».

Le Professeur Ngadi explique qu’au début de ses travaux en 2008, la spectroradiométrie imageante était majoritairement utilisée pour des applications militaires et peu connue dans le secteur agroalimentaire. La technologie, qui capture des images du spectre lumineux visible et invisible, y compris différents niveaux d’infrarouge, est encore peu utilisée à des fins civiles, ce qui rend ce travail d’autant plus passionnant pour lui et son équipe.

« À l’époque, nous avions accès à une caméra hyperspectrale et nous l’utilisions pour réaliser des contrôles non destructifs de la qualité des légumes. Par pure curiosité, je me suis demandé s’il existait un moyen de l’utiliser pour évaluer la fertilité des œufs pré-incubés. Aujourd’hui, 15 ans plus tard, nous développons une technologie qui nous permet d’évaluer à la fois le sexe et la fécondité.

Il note que les choses ne se sont pas toujours bien déroulées, y compris une période où la recherche a été suspendue avant d’être ressuscitée grâce à une petite subvention de Egg Farmers of Ontario, qui a reconnu son potentiel d’impact sur l’ensemble de l’industrie. Les défis ont tendance à être des difficultés qui surgissent de nulle part, et l’un de ces obstacles inattendus était lié à la recherche d’ampoules offrant un éclairage optimal pour photographier les œufs. Ceci est essentiel car le système consiste à éclairer les œufs par le bas, permettant à une caméra hyperspectrale de prendre des photos par le haut. Si la lumière est trop faible, pas d’images. De même, si c’est trop fort, les œufs sont surexposés et la caméra ne peut pas enregistrer la longueur d’onde appropriée. L’équipe a parcouru le monde à la recherche d’une solution, expérimentant sans succès toute une gamme d’options disponibles dans le commerce. Finalement, ils ont créé leurs propres ampoules, prouvant une fois de plus que la nécessité est véritablement la mère de l’invention, surtout lorsque des personnes vraiment très intelligentes travaillent avec vous.

Le Professeur Ngadi sourit lorsqu’on lui demande ce que signifie le soutien du RCAIA. « Je peux vous dire sans hésitation que sans cet appui nous ne nous préparerions pas à étendre les tests de 6 000 œufs par jour à 10 000. L’argent que nous avons reçu nous a permis d’embaucher les professionnels exceptionnels nécessaires pour adapter et faire progresser la technologie. Cela n’a jamais été aussi important que pendant la pandémie. Nous sommes reconnaissants que notre candidature ait été choisie car nous sommes sur le point de démontrer notre viabilité commerciale ». Il fait une pause avant de conclure, « Les gens doivent comprendre que notre succès va changer l’industrie avicole à l’échelle mondiale. Puisque seules les poussins femelles sont utilisables, des millions de mâles d’un jour doivent être abattus chaque année, rien qu’au Canada. A travers le monde entier, ce nombre s’élève à environ sept milliards par an. Le processus, bien que nécessaire, est exigeant sur le plan émotionnel pour les travailleurs impliqués, sans parler du coût, du gaspillage et des effets environnementaux. Si la spectroradiométrie imageante peut être utilisée pour déterminer quels œufs doivent être conservés et lesquels doivent être éliminés avant leur éclosion, l’impact sera extraordinaire. Les économies de temps et d’argent seront à elles seules significatives, tout comme les améliorations sociales et environnementales. Nous sommes très enthousiasmés par la différence que nous ferons lorsque Hyper-Eye sera finalement commercialisé. Il s’agit d’une solution canadienne à un problème mondial, et cela n’aurait pas été possible sans le RCAIA.

Contribution du RCAIA
1 326 888 $

Valeur totale du projet
3 311 152 $